Il suffit d’une pensée pour obscurcir tout l’Esprit.

Il suffit d’un nuage pour obscurcir l’endroit où nous nous trouvons

Allongé dans un transat un nuage cache le soleil. Je suis dans l’ombre. Comme la température ambiante n’est pas suffisamment élevée, l’ombre procure à mon corps une sensation de froid que mon cerveau  interprète et classe dans la case expérience désagréable.

Par extension et par analogie, on peut comparer l’ombre à un moment désagréable. Dès lors, plusieurs pensées bouddhistes peuvent nous permettre de rendre ce moment plus agréable.

L’impermanence – Rien ne dure, Tout se transforme

Le nuage dans le ciel n’est que temporaire. Il ne fait que passer. Si on focalise son attention de manière exagérée sur ce nuage en n’ayant des phrases à l’esprit comme « Oh non, un nuage. Il me gâche mon moment…). Cela aura pour effet de rendre le moment encore plus désagréable.

Toute expérience de vie, aussi dure qu’elle soit, n’est que temporaire. C’est notre cerveau qui d’ailleurs fait durer la souffrance car l’évènement, quel qui soit, n’existe que dans le passé. Malheureusement, notre mental ressasse l’évènement et donc nous revivons en boucle les sensations associées. Comme si nous étions condamnés à revoir en boucle le même film d’horreur ou revivre sans cesse le même cauchemar. Or, il ne dépend que de nous de sortir de la salle ou de nous réveiller.

Un conte illustre bien ce travers du mental. C’est celui  des deux moines zen, Tanzan et Ekido. Ils marchaient tout deux sur une route de campagne extrêmement boueuse après des pluies torrentielles. Près d’un village, ils croisèrent une jeune femme qui tentait de traverser la route. La boue était si profonde qu’elle aurait abimé le kimono de soie qu’elle portait. Tanzan la prit sur ses épaules d’un coup et la transporta de l’autre côté de la route.  Puis les moines reprirent leur route en silence. Cinq heures plus tard, alors qu’ils approchaient du temple où ils allaient loger, Ekido ne put se contenir plus longtemps. « Pourquoi as-tu porté cette femme ? » demanda-t-il. « Nous sommes des moines. Nous ne sommes pas censés faire des choses pareilles. » « Je me suis délesté de la femme en question il y a des heures lui répondit Tanzan, mais toi tu la portes encore, il me semble. »

Au-delà des apparences … L’esprit est tel le soleil. C’est l’ignorance qui nous donne l’illusion que l’ombre existe.

L’ombre n’est pas causée par l’absence du soleil mais simplement par le fait qu’il soit caché. Encore une fois donc, en fixant toute son attention sur le nuage, on lui prête une existence exagérée qui peut nous faire oublier qu’en fait, derrière lui, le soleil luit toujours aussi intensément. Il en est de même durant la nuit. Ce n’est pas parce que nous ne voyons plus le soleil qu’il n’est plus là.

Même si notre corps ou notre mental expérimente de l’adversité, l’Esprit lui toujours luit.
Si nous perdons de vue parfois la lumière de l’esprit, rappelons-nous qu’elle ne s’éteint jamais. Seules nos idées noires créent un masque suffisamment opaque pour nous cacher cette lumière. N’attribuons pas d’existence exagérée aux nuages de notre Esprit.

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